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Qui était Ursule Novel ?

 



C’est l’épouse de Ferdinand, 2ème baron Angleys, mon arrière grand père savoyard qui vécut de 1843 à 1936. Ferdinand, avocat et propriétaire terrien, occupait suivant les saisons 1) son appartement à Chambéry, 2) sa propriété de Tournon (près d’Albertville) où il avait du blé, des vignes et un peu d’élevage, 3) la belle maison de Vermont à Barberaz, construite par son père sur les hauteurs au dessus de Chambéry, ou bien 4) le petit château du Colombier aux Abrets en Isère non loin de Bourgoin où son épouse était née et dont elle avait hérité. Mariés en 1875, Ursule et Ferdinand eurent neuf enfants dont trois moururent en bas âge et leur fille cadette mourut hélas trop tôt à 20 ans. Voir tableau généalogique sommaire en fin de volume.
Ursule (1856-1925) avait eu une excellente éducation, était belle et très sociable, ce qui lui permit de s’intégrer parfaitement à la société aristocratique et conservatrice chambérienne dans laquelle son époux était reconnu comme honnête homme, chrétien convaincu toujours prêt à user de sa discrète influence pour rendre service et lutter contre les excès de la gauche anticléricale, et promoteur de progrès dans le domaine agricole.

 

 

Que trouve-t-on dans la correspondance d’Ursule ?

 

Ursule eut grand souci de bien éduquer ses enfants, et leur écrivit souvent pendant qu’ils étaient pensionnaires, ce qui permet d'avoir des détails considérables sur la vie de la « belle époque », avant la première guerre mondiale. Elle se sentit ensuite le devoir de bien les marier, et l’importance de leur faire rencontrer un « parti idoine » est très manifeste dans une grande partie de la correspondance, surtout celle adressée à ses filles Paule et Marthe.
Ursule eut un grand attachement pour l’aînée de ses filles, Paule, et en fit sa confidente, ce qui rend la correspondance avec elle parfois très « intime ». Paule épousa en 1912 un fringant officier colonial, passa plusieurs années dans l’exotique port de Mogador (aujourd’hui Essaouira, vanté come l’un des hauts lieux touristiques du Maroc), et plus tard dans la ville de Constantinople, ce qui permet indirectement de se replonger dans la manière dont le général Lyautey et d’autres essayaient alors de pacifier ces contrées si différentes de la France. 
La majorité des lettres, qui couvrent la période 1894-1925, sont adressées à Paule, mais on en trouve aussi adressées à Marthe ou à leur dernière sœur Élisabeth (dite Lisette). Pour la terrible période couvrant la 1ère guerre mondiale, sont insérées de nombreuses cartes écrites depuis le front par Hippolyte, le plus jeune des frères. La correspondance permet de tracer son parcours de « poilu » prenant du grade.
À chaque époque, Ursule donne énormément de nouvelles de parents proches ou lointains, d’amis ou d’amies de la société savoyarde et dauphinoise (une partie de la famille Novel venait de Die dans la Drôme), de connaissances de la société chambérienne. Elle évoque des évènements religieux et politiques qui ont marqué l’histoire, et il est intéressant de découvrir son point de vue.
Il y a des descriptions de grands moments de bonheur, liés à des réunions familiales, des succès scolaires ou artistiques, des promotions, des mariages, des améliorations de confort, etc.  Ursule écrit fort bien, et on prend de plus en plus plaisir à cette correspondance en découvrant ces moments de joie.
Et puis il y a des drames, petits ou grands, et ceux-ci nous touchent : de grands soucis de santé pour Jean, l’aîné des enfants, et pour Lisette, la dernière fille ; le soutien aux cousins d’Oncieu devenus orphelins ; une grande déception amoureuse pour Marthe ; une déception encore plus grande pour des grossesses infructueuses de Paule (elle ne put avoir d’enfants) ; des soucis d’étude et de carrière pour Henry, puis sa très grave blessure aux premiers jours de la guerre ; l’angoisse aigüe causée par l’exposition d’Hippolyte à l’horrible guerre des tranchées (promu sous-officier, il sera lui aussi blessé en 1918, ainsi que son beau-frère Joseph de Lachaux, époux de Paule, venu des colonies se battre à la tête de ses tirailleurs marocains) ; l’abnégation de Marthe dans les hôpitaux militaires chambériens avant son mariage avec Jean de Lachaux ; la disparition brutale de Lisette en 1918, etc.
« Le devoir toujours, le devoir avant tout ! » : Ursule fait toujours face, et nous encourage par sa grandeur d’âme résignée !

 

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